Au moins 2 ans que je traîne cette dépression. 2 ans à tenter de survivre, 2 ans à devoir piler sur mon orgueil et accepter la charité d'autrui. 2 ans à vivre avec un cerveau embourbé d'idées noires, de culpabilité, de questionnements sans réponses et de peurs constantes. Le seul temps où j'ai une pause, c'est lorsque je fume de la marijuana le soir. Je n'en suis pas fier, j'ai même honte d'être aussi faible et ne pas pouvoir résister à la chose et je refuse de me geler la face à longueur de journée pour faire croire que je vais bien.
La seule bonne chose durant ce long passage dans les limbes ou le purgatoire (appelez ca comme vous voulez) est que j'ai réfléchi. Beaucoup. Ça m'a permis de comprendre bien des choses qui explique en partie pourquoi je suis encore en dépression. J'ai même compris le pourquoi de mes difficultés en situation sociale et que ça n'aide en rien ma guérison.
Tout d'abord, cette dépression n'est pas ma première. En fait j'en suis à ma 4ème. La première remonte à 1972. J'avais 7 ans. Mon grand père est décède d'un infarctus devant ma famille et moi. Suite à ca, j'ai raté 60 jours d'école, passant mes journées à brailler chez moi. Mais bon, à l'époque la santé mentale et la psychologie pour enfant étaient pratiquement inexistantes, donc aucune mesure n'a été prise pour m'aider.
La seconde est survenue suite au décès de mon père en 1986. À l'enterrement de papa, mon frère m'a dit que c'était maintenant à moi de prendre soin de maman (dans un famille normale, ça aurait été les 4 frères, mais passons). Résultat : j'ai tellement bien pris soins de ma maman que je n'ai pas fait mon propre deuil et ca m'a rattrapé 1 an plus tard quand j'ai plongé dans une autre profonde dépression.
La 3ème bien entendu, c'est celle qui a suivi le décès de ma mère. J'ai failli ne pas y survire. Sans être un rechute de cette dépression, celle que je vie présentement en découle directement. Je ne me suis jamais remis de cette période de ma vie. Je ressens encore énormément de culpabilité, de colère, de tristesse et surtout de l'épuisement. Claudette Dion a dit dernièrement à Zénith que ce n'est pas tout le monde qui peut être Proche Aidant et mon problème vient probablement de là : je n'était pas fait pour être proche aidant, mais je l'ai quand même fait. Parce que c'était ma mère et je l'aimais. Et ça m a détruit au point où que je n'ai plus la force, ni la motivation de me reconstruire.
D'ailleurs je cherche cette motivation pour continuer depuis le décès de maman. J'ai fait ce que j'avais à faire. Sans même que ma famille le sache, j'ai sauvé la vie de mon père et de ma mère. J'ai pris soins de ma mère alors que mon père passait ses dernières semaines à l'hôpital. Le jour, avec lui, elle gardait le sourire. Le soir avec moi, elle pleurait et la consolais, me gardant bien de pleurer moi-même pour ne rien ajouter à la sienne. J'ai ensuite pris soins de ma mère lorsqu'elle est tombée malade jusqu'à son décès. J'ai aussi tenté d'offrir le meilleur service à la clientèle possible au cours de mes 30 années + en milieu de travail et j'ai faire rire des milliers de gens en espérant leur faire du bien.
Et maintenant je fais quoi? Je ne peux me reposer. Je dois sois travailler pour avoir de l'argent car sans travail, c'est le stress constant de l'insécurité financière. Trop épuisé pour travailler (le stress me ronge juste à y penser – et des emplois sans stress, ça n'existe pas.), trop stressant de ne pas travailler. Damned if you do, damned if you dont.
Je n'ai plus de passions. Personne sous ma responsabilité. Plus rien à offrir aux autres. Alors je fais quoi? Faire rire les gens? Mon dieu, le Québec déborde d'humoristes, c'est pas un de moins qui va changer grand chose – surtout que je ne suis pas et n'ai jamais été un humoriste. Juste un gars avec un sens de l'humour surdéveloppé par des concours de circonstances, rien d'autre.
La seule raison pour rester en vie, c'est de ne pas faire de peine aux autres. Suis-je donc condamner à souffrir pour ne pas attrister personne? Est-ce ca la raison qu'on m'offre pour vivre? Une vie triste et misérable pour le bonheur des autres? Soyez franc : le feriez-vous? Sincèrement à ce point-ci, si l'aide à mourir pour les personnes dépressives (oserais-je dire dépressifs chroniques) comme moi, je serais le premier sur la liste.
Je suis épuisé, je suis malheureux plus souvent qu'autrement et je ne vois rien devant moi pour m'encourager à continuer. Il serait temps que je quitte***. Je veux juste me reposer et ne plus déranger personne.
***N'ayez crainte, aucun geste ne sera posé, je suis trop pissou pour passer à l'acte. Mais l'envie de quitter est toujours là.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire