J'ai tenté dernièrement d'expliquer
via message vocale ce que je vis et pourquoi je vis ces choses de
cette façon. Mes émotions étaient à chaire vive et ont vite pris
le dessus et vous avez dû endurer mon braillage.
J'espère que ce qui suit sera plus compréhensible.
Lorsque je parle
de mon absence de socialisation, je parle entre autre de ne pas avoir
été en garderie. Ce n'est qu'un exemple et il ne faut pas s'y
attarder puisque les garderies n'existaient pas à l'époque. Ce qu'il
faut retenir, c'est que de j'ai été 2 ans sans avoir de contact avec d'autres enfants de mon âge. J'ai eu la visite de ma cousine
Julie de temps à autre, mais je vous rappelle qu'à cette
époque, le Parc des Laurentides était à 2 voies et ça prenait un
bon 3 heures minimum (souvent plus) pour se rendre à Québec à partir du Saguenay. Ça encourage pas les visites. Je suis certain
que même si, comme moi, vous n'aviez pas accès aux garderies, vous
aviez tout de même des amis(es) aux alentours. Moi non. Je le, dis et je le
répètes : J'ai passé deux ans avec pour seule compagne de jeu ma
mère et personne d'autre. Mon père était souvent absent, mes frères entraient dans l'adolescence et la nouveauté du p'tit frère toute cute était déjà chose du passé. De plus et j'étais tellement gâté que je suis certain qu'au moins un de mes frères en était jaloux... mais passons. Lorsque nous sommes déménagé à
Chicoutimi, la 1re fois que je suis sorti dehors, des voisins de
mon âge sont venu vers moi pour jouer et je les ai accueillie à coup de pelle.
Plusieurs personnes rient quand je raconte ceci et pourtant, ça n'a
rien de drôle. Je les ai attaqué parce que j'était TERRORISÉ.
4 ans et j'étais terrorisé par la présence de d'autres enfants de
mon âge. Très drôle en effet...Croyez moi, mon problème n'était pas
l'absence de garderie.
J'ai eu une belle enfance et oui, j'ai été gâté. Très gâté. Premier kid après 9 ans, pouvait-il en être autrement? Mais je me demande, était ce MA faute si on me gâtait? C'était surement le cas car j'ai un frère qui m'en veut encore d'avoir été si gâté après 55 ans... Décroche calvaire. Tiens, faites un test. Offrez une palette de chocolat à un kid de 4-5 ans. Si il vous réponds ''non merci, je ne puis accepter cette gâterie'', j'admettrai volontiers mes torts, mais d'ici là calissez-moi patience avec les reproches d'avoir été trop gâté. C'est pas comme si mes frères ont vécu tous leurs noëls avec une morceau de charbon et une feuille de papier fripée comme seule étrenne de Noël. Et si ca peut être une consolation, j'suis pas mal, moins gâté ces jours-ci.
Un autre de mes frères a reproché à moi et mes parent d'être têtes enflées. Quoiqu'il endurait très bien mes parents têtes enflés lorsque ces derniers refusaient de lui charger une pension (alors que la plupart des parents le faisait à l'époque) ou quand mon père allait porter son band à leur prochain contrat et se relevait à 3 heure du matin pour les ramener à la maison (et partir travailler 4 heure plus tard malgré tout et ce à toutes les fins de semaines). L'enfer que mes frères ont vécu, je vous dit pas... Donc de mon coté, j'ai quoi, 12 ans? Et ce frère me prend à part par un beau jour d'été et me fait un long discours sur le fait que je me prends pour un autre et que beaucoup de gens me trouvent détestable avec cette attitude. Était-ce vrai? Y'a surement une part de vérité oui, mais à quel point on me détestait, je ne l'ai jamais su, alors j'ai imaginé le pire. Je me suis donc réfugié dans une humilité constante et solide. Depuis cette rencontre, si on me complimente, je minimise la chose et je ne clames jamais être bon à quoi que ce soit. Ce n'est qu'au cours des dernières années que j'ai accepté que j'étais bon en humour. Et la encore, avec de récents évènements j'en suis de moins en moins sur...
Lors du décès de mon père, un autre de mes
frères m'a pris à part et m'a dit ''c'est à toi à prendre soins de la
mère asteur''. Nous étions 4 enfants, il me semble que la tâche ne
m'incombait pas à part entière, mais c'est ce qui est arrivé. Et c'est pas comme si mes frères m'avaient donné le choix. Mais bon
je le faisait déjà. Lorsque ma mère visitait mon père à l'hôpital alors qu'il se mourait d'un cancer, elle restait positive et souriante pour papa. Mais dès son retour à
la maison, c'est moi qui écopait de ses larmes et si j'avais le
malheur de pleurer, ma mère me disait d'arrêter, car elle avait
besoin que je sois fort. Au final, j'ai tellement pris mon rôle au
sérieux qu'un an après le décès de mon père, je suis tombé en
dépression car je n'avais pas fait mon deuil.
Chose importante a comprendre à propos de moi : je suis extrémiste. Alors lorsque que mes frères m'ont généreusement offert leur fiel, j'ai tout pris à cœur. J'ai cessé d'être fier de mes accomplissements (l'absence d'encouragements à la maison a mis le clou dans ce cercueil bien rempli de projets et de rêves). Et j'ai pris soin de ma mère au point d'en arriver à une quasi-totale abnégation de moi-même.
C'est pour ça que je ne trouve plus de
raisons d'être. Au fond, je ne suis ici que pour prendre soins de ma mère et des
autres.
C'est pour ca que le concept de prendre soin de
moi-même équivaut à de l'égoïsme de ma
part.
J'ai réalisé beaucoup de ces choses au cours des derniers mois. Je traine la plupart d'entre elles depuis plus de
40 ans alors si vous vous attendez à ce que je règle tout ça en
quelque mois, vous voyez en moi un être surhumain, ce que je ne suis
pas. Si vous trouvez ca long et plate, essayez de le vivre et venez
m'en reparler.
J'en suis maintenant à ma 4eme dépression. La
première je l'ai vécu suite au décès de mon grand-père maternel. Je
lai vu mourir d'un infarctus dans le couloir devant ma chambre. J'ai vu
son visage s'empourprer, la broue venir à la bouche et les pupilles disparaitre …. À l'époque, la pédagogie n'existait pas. On a
donc ''guérit'' la dépression d'un kid hypersensible, traumatisé par la mort de son
grand père à grand coup de ''ben là, r'viens-en!''. Je peux vous
garantir que ce traitement n'existe pas dans le DSM-5.
Ma seconde dépression est arrivé, comme j'ai mentionné plus haut, par l'abnégation de moi-même suite au décès de mon papa. Faire mon deuil? Pas le temps, mon frère m'a dit que je dois prendre soin de ma mère!!!!!
Ma troisième a fait suite au décès de
ma mère. C'est pas compliquer : tu fais quoi quand tu perds ta
raison d'être? Tu sers à quoi? Tu n'as plus la force de donner de
toi-même. Tu fais quoi? Tu as perdu tes repères en société tu
vas où, tu fais quoi? Penser à toi-même? Non ça c'est de' l'égoïsme.
Et je suis là pour les autres, pas pour moi....mais je peux plus aider les autres, je fais quoi...? Ouais je traine ca depuis la
troisième dépression.
Je suis présentement dans ma 4eme. C'est la plus
difficile à date et y'a des moments où je doute pouvoir y survivre.
Pourquoi? Parce que je suis épuisé physiquement et mentalement. Parce que j'ai 60 ans, parce que la motivation n'existe presque plus, parce que je suis tanné de me battre et pourquoi? Pour moi? Certainement pas car je suis ici que pour les autres on me l'a bien fait comprendre toute ma vie. Parce que j'ai trop de colère et de tristesse en moi et aucune idée
comment m'en débarrasser. Parce je dois essayer de me débarrasser
d'un façon d'être (ce ne sont pas ici de ''vilaines habitudes'') que je
traîne depuis 40-50 ans. Parce que je suis seul.
Vous savez: ma présente dépression
est très différente de ma seconde. Personne ne vit la dépression de
la même façon. Il y a autant de dépressions différentes qu'il y a de
personnes dépressives. Si vous voulez aider un personne en dépression,
évitez les comparaisons avec vos cas connus. Ce n'es pas parce que
PersonA a vécu et guérit de sa dépression dune certaine façon que
ça va marcher pour un autre cas. Même que PersonA peut vivre une
seconde dépression qui seras plus difficile à guérir malgré son
''expérience'' avec la première. Je me permets de vous rappeler ceci : avoir peu de connaissances peut être dangereux. A moins d'être un professionnel en santé mental, évitez de commentez/comparer. D'ailleurs aucun thérapeute ne compare ses patients aux autres. Ça n'aide pas personne. Evitez les commentaires du genre ''là faut que tu...''. La SEULE chose que je dois faire est de guérir. À mon rythme et non au vôtre. Ce n'est pas à vous de décider que je dois prendre des mesures LÀ. Ces décisions ne reviennent qu'à moi et ma thérapeute.
Finalement, car j'en
entends encore trop, faites attention à la positivité toxique.
Rien de pire pour une personne en dépression. Car ce que vous dites
en fait c'est ''regarde, c'est facile '' et ca minimise une situation
grave en un simple petit problème. Ça renforce dans la tête de la
personne dépressive l'idée que c'est donc trop difficile et qu'elle
est inepte et ne pourra pas s'en sortir.
Voilà. Si vous
ne comprenez pas tout, c'est correct, mais sachez que je ne peux
expliquer ce que je vis d'une meilleures façon. Alors désormais, vous
avez 2 choix. Continuer à questionner mes réponses et décisions parce que ''ben voyons donc Christian....'' ou me croire sur parole quand je
vous dis que pour le moment certaines choses me sont impossibles à
faire, mais j'y travaille et l'accepter, être là pour moi (de façon concrète, c'est encore mieux) et m'écouter quand j'en ai besoin.
Moi j'ai fais ici ce j'ai pu. Et au moins vu n'avez pas eu à m'entendre brailler.